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Expert comptable Toulon :Abandon de loyers retoqué par le fisc

Publié le : 7 Novembre , 2024
Expert comptable Toulon :Abandon de loyers retoqué par le fisc
07Nov

Abandon de loyers retoqué par le fisc

Aider un client en lui abandonnant plusieurs années de loyers n'est pas toujours bien vu du fisc. En voici une illustration récente.

L'abandon de créance implique un intérêt à agir

Une entreprise peut décider de renoncer à percevoir tout ou partie des sommes qui lui sont dues par un client. Cet abandon de créance constitue une aide à caractère commercial s'il est motivé par l'existence de relations commerciales et permet notamment de maintenir des débouchés ou préserver des sources d'approvisionnement. Pour des raisons fiscales, il est essentiel que l'entreprise puisse justifier qu'elle a vraiment un intérêt à agir ainsi. Un point souvent source de litige en cas de contrôle fiscal.

Le caractère normal de l'opération s'impose

Un abandon de créances à caractère commercial constitue en principe une charge déductible du résultat imposable de l'entreprise qui le consent s'il s'inscrit dans le cadre d'une gestion normale. L'entreprise doit prouver par tout moyen que l'aide a été consentie dans l'intérêt de son exploitation et qu'elle en retire une contrepartie réelle et suffisante.

Il y a de nombreux exemples sur la notion de gestion normale. Citons l'abandon partiel de créance consenti au locataire exploitant une clinique dans les locaux loués dès lors qu'il est dans l'intérêt du propriétaire de ne pas accroître les difficultés de trésorerie du preneur plutôt que de supporter des charges inhérentes à une procédure d'expulsion préalable à la recherche d'un nouveau locataire (CE 9 mai 1990, n° 71453).

Mais, tout dépend des conditions et du contexte de l'opération. La déduction d'un abandon de loyers peut être refusée si les arguments de l'entreprise ne sont pas convaincants. En voici un exemple.

Risque de redressement

3 ans de loyers non perçus

Une SAS loue un terrain à son dirigeant (et unique client) qui l'exploite pour y exercer une activité individuelle de camping. Elle consent un abandon de créance correspondant à 100 % des loyers de trois ans qu'elle déduit de son résultat fiscal. Elle s'en justifie par deux arguments : des difficultés financières du locataire condamné à rembourser une somme importante à ses créanciers et son intérêt à renoncer à ces loyers pour assurer la poursuite de l'exploitation et le maintien de la valeur du foncier (plutôt que de supporter les charges inhérentes à la résiliation du bail et la recherche d'un successeur). Mais le fisc refuse la déduction pratiquée et les juges valident le redressement.

Acte anormal de gestion

La SAS ne prouve pas que le paiement des loyers par le dirigeant aurait provoqué la cessation de son activité, d'autant qu'il a obtenu de ses créanciers un échelonnement du paiement de sa dette. Par ailleurs, l'éventualité d'être confronté à la recherche d'un nouveau locataire n'est pas un argument assez solide pour justifier que la SAS se soit privée de 3 années de recettes conduisant à la constatation de résultats déficitaires. Il y a acte anormal de gestion.

CAA Marseille 11 juillet 2024, n° 20MA02733

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